Je viens de prendre connaissance d'un de vos articles sur votre séjour en tant que volontaire à l'orcalab, sur Hanson Island. J'aimerais savoir s'il est possible de participer à ce type de projet, et si oui quelles sont les conditions requises ?
Mon séjour à Orcalab a duré environ 2 mois en 1997. J’étais entrain de travailler à l’aquarium de Montpellier (France) lorsque j’ai eu l’adresse de ce centre de recherches sur les orques. Je n’avais pas accès a Internet a cette époque et j’ai écris une lettre au scientifique Paul Spong. Un mois après, j’ai eu une réponse de sa part me proposant de rejoindre son équipe fin juin 1997. Dès mon travail a l’aquarium terminé, j’ai plié bagage pour m’y rendre.
Pour y participer, j’ai eu beaucoup de chance car nous étions tous volontaires des quatre coins du monde, il y avait une majorité de femmes. J’avais de l’expérience concernant les cétacés en méditerranée mais la passion des orques a suffit. Je parlais assez mal anglais, et je n’avais aucune connaissance sur les orques de la Colombie Britannique. Etant donné que nous étions nombreux sur l’île, des conflits internes sont survenus au sein du groupe, surtout du coté des filles. Personnellement je n’ai eu aucun problème avec Paul et sa famille. D’ailleurs, j’ai été l’un des seuls à avoir eu notre enregistrement des orques effectué dans le laboratoire. Paul Spong et sa femme gardaient précieusement l’enregistrement, il était impossible d’avoir un exemplaire.
J’ai su qu’après cet été 1997 que le nombre de volontaires a considérablement diminué pour éviter les conflits, le nombre aujourd’hui est de 10 maximum, ce qui accentue le problème pour s’y rendre et de rentrer au sein de son équipe. De nombreuses personnes me demandent de les mettre en relation avec Paul et son équipe mais ensuite, j’ai très peu de retour concernant leur expérience. De plus, grâce à mon aide pour les intégrer dans l’équipe, je demandais des renseignements concernant la population, le laboratoire, l’équipe, la photographie etc.… mais je n’ai jamais eu de leurs nouvelles ce qui me déçoit. Il n’est pas favorable que je contacte chaque été cette personne que j’admire pour lui demander de prendre un volontaire.
L’équipe sur place est habituée de venir depuis de nombreuses années et leurs connaissances sur les orques suffisent à Paul. A cette époque, le tarif était faible, ça comprenait la nourriture pour deux mois. La meilleure période s’étend de juin à octobre. Pour votre information il existe tout proche de chez nous en Europe, la possibilité de voir des orques dans le détroit de Gibraltar, en Russie ou en Norvège.
Quelles formations avez-vous eu ?
Ma plus belle année a été celle de 1997 car j’ai effectué trois stages consécutifs portant sur le milieu marin et les dauphins. Mon premier stage à été à l’aquarium panoramique de la Grande Motte (Région de l’Hérault en France) puis mon séjour sur l’observation, la photo identification, l’écoute acoustique des orques (Colombie Britannique au Canada) et le dernier stage s’est déroulé au delphinarium du Parc Astérix à Paris sur les conditions de captivité et l’analyse du sonar du grand dauphin (Tursiops Truncatus) . L’année d’après, j’ai commencé un D.U.T en aquariologie et aquaculture (à Sète et Montpellier Université II – France) et protection de l’environnement et du littoral. Durant ma formation, j’ai du faire un stage de 8 mois dans mon domaine de prédilection. Donc, j’ai fais des stages et du volontariat après et pendant ces deux années. J’ai vécu six mois en Guadeloupe ou je travaillais à l’aquarium du Gosier. Ensuite je suis parti aux Açores pour environ deux mois afin de pouvoir travailler sur l’impact du Whale-Watching sur les cétacés. J’ai rendu deux rapports pour compléter ma fin de cycle.
J’ai voulu développer l’observation touristique des cétacés dans ma région, j’ai fais une troisième année a Sup de Co (Ecole Supérieure de Commerce) a Montpellier avec option tourisme. Au cours de ce cycle, j’ai fais un stage de 4 mois à Terra Incognita à Lyon afin d’effectuer une étude de marché pour proposition de circuits touristiques à leurs clients. Ce tour opérator proposait des observations en méditerranée et aux Açores. J’ai rendu un mémoire de fin de stage qui peut être demandé sur mon site Internet (avec frais).
Ce que je peux dire c’est que toutes mes propres expériences ont été vécues sur le terrain et j’ai appris tout seul. Il existe très peu d’écoles ou d’universités qui forment à devenir cétologues en France. J’aurais pu poursuivre mes études en biologie marine, école vétérinaire ou tout ce qui a attrait aux mammifères marins à l’étranger. Je vous conseille vivement de partir étudier hors de l’Hexagone.
En quoi consiste exactement votre travail ?
Actuellement, je travaille sur mon site Internet, je réponds aux questions fréquemment posées par les étudiants, journalistes ou scientifiques. Je lutte efficacement contre la captivité des cétacés avec différentes associations de part le monde. Je suis capitaine de bateau au Canada pour les cétacés. De plus, je continue de travailler sur un projet portant sur l’alphabet des baleines et des dauphins. Ce travail permettra d’aider beaucoup de personnes qui souhaitent avoir des informations précises sur la bibliographie des cétacés. Parallèlement à tout ça, je collabore avec tours opérators pour être guide touristique afin de permettre à leur clientèle d’aller voir les cétacés et je prépare également un livre présentant tous mes voyages et mes expériences sur les mammifères marins.
Quels sont les fragilités du dauphin du fait que c'est un mammifère marin ?
Il est sensible à l’environnement externe : pollution (acoustique visible et non), aux filets de pêche, à la dégradation de son milieu dû a l’impact de l’homme, sans oublier les conditions de captivité qui augmente le taux de mortalité des cétacés dans le monde entier.
Quelles sont les pollutions que vous avez observé et qui affectent le plus le dauphin ?
J’ai constaté de nombreux impacts négatifs dus aux filets dérivants, des sacs plastiques et du whale watching.
Et quelles en sont les conséquences ?
Perturbation au niveau comportemental et diminution des zones d’observation dans certains lieux connus sans oublier échouage et mortalité élevés.
Avez-vous observé du fait de la pollution des changements particuliers dans la vie du dauphin (nourriture, comportement social, migration, maternité...) ?
Je n’ai pas connu d’impact direct sur les cétacés mais des changements de comportements. Souvent, la pollution avait déjà affecté le milieu observé et nous devions apporter des solutions.
Quelles sont à votre avis les solutions les plus urgentes à mettre en oeuvre pour protéger les dauphins ?
Une étude à long terme et approfondi des lieux d’observation des cétacés permet de connaître leur comportement, habitudes et zones d’alimentation. L’analyse des dauphins échoués permet de déterminer la concentration des polluants affectant leur milieu. La sensibilisation, l’éducation du public, des élus locaux, des acteurs concernés, des lieux de whale watching permettra d’aider les cétacés à vivre dans des lieux sains.
J'aimerais juste savoir, s'il existe des métiers où on peut être avec les cétacés en Milieu marin et non en captivité ?
Il existe en France qu’une seule école liée aux cétacés (Montpellier). Vous pouvez poursuivre en environnement, biologie marine ou école de vétérinaire et effectuer des stages. Toutes les grandes universités sont situées principalement aux Etats Unis, Canada, Nouvelle Zélande et ailleurs…
Pouvez-vous me donner des nouvelles des dauphins de l'Ile Maurice et des travaux après le décès de Delphine ?
Le plus simple, est la réponse de ce couple qui revient de l’Ile Maurice :
« Nous avions été sensibilisés à la présence des dauphins à l’île Maurice par des élèves qui avaient pu participer à des sorties en mer avec Delphine Legay là-bas juste avant son décès. Nous avons vu sur votre site que vous aviez eu la chance de la rencontrer et de participer à ses travaux. Pour nous, c’est malheureusement après sa disparition que nous nous sommes posé la question de ce qui était advenu de ses travaux et de qui avait repris la suite du travail la bas après elle. Nos recherches nous permises de constater que personne n’avait pu poursuivre son travail sur place et qu’à notre connaissance il n’y avait pas de traces disponibles de ses résultats ce qui est bien dommage.
Nous avons pensé un instant reprendre l’observation des cétacés en s’installant pour quelques temps à Maurice; mais faute de moyens financiers et au vu des difficultés administratives, (pour un long séjour à Maurice lorsque l’on est pas mauricien), nous avons renoncé.
Nous savons par ailleurs, pour avoir ensuite été sur place, qu’il y aurait beaucoup à faire pour continuer l’observation et aussi pour sensibiliser les Mauriciens et surtout les touristes et les hôtelleries de luxe au respect des cétacés, à la manière correcte de les approcher et de les observer. « (les hôtels de luxe pour des raisons financières, organisent des visites aux dauphins de la baie de tamarin qui tournent trop souvent au véritable harcèlement.)».
Nathalie et David Gerouard–Langlet et l’association Natdala.
Je suis surpris que personne n’ai pris la suite des travaux de Delphine. Son travail était utile pour les Mauriciens et la protection de l’environnement. Je l’ai aidé pendant 2 mois à identifier les différentes espèces de cétacés et je vous invite à lire mon article sur mon site.
Que pensez-vous de la captivité ?
Je pense que mon article sur les conditions de captivité aux Parc Astérix (voir sur mon site) justifie mon opposition a cette cruauté. J’avais voulu infiltrer une équipe pour mieux connaître le traitement infligé aux animaux. Ce parc est peut-être le moins pire mais je pense que ce que j’ai vu est suffisant. Il faut savoir que le début était très dur pour moi, dès que je rentrais dans ma chambre, je me mettais à pleurer. Puis je notais tout ce que je voyais et l’apportais à l’association S.O.S Grand Bleu (France). Etant fidèle à cette association, je pouvais être tranquille pour la diffusion de mes données.
Pouvez-vous vous décrire comme un "cétologue autodidacte" ?
Oui tout à fait. J’ai effectué le stage de cétologie à Sète (France) mais toute mon expérience est sur le terrain.
Qu'est ce qui vous a amené à faire de votre passion une activité quotidienne ?
Je suis désolé mais je n’aime pas le mot « passion » ! Souvent elle est courte et une « passion » forte peut-être dangereuse. De plus ce n’est pas une distraction ou un hobby, mais un travail à temps plein. Au début, c’était difficile de partager mon travail, de le faire participer à tout le monde, mais les contacts viennent petit à petit puis internet et mes voyages ont fait le reste.
Quels sont vos principaux moyens d'expression ? photo, peinture...
Comme vous pouvez le voir sur mon site internet, j’aime beaucoup la photo. Celle-ci est la base de la photo-identification. Elle permet de photographier avec précision les dorsales ou caudales des cétacés. Pour le béluga et d’autres espèces qui n’ont pas de dorsale, on va prendre en photo les marques distinctes. A côté de ça, je dessine dès que je peux. J’adore les dessins de cétacés. C’est venu lorsque j’étais seul à attendre les sons d’orques lors des enregistrements acoustiques. Apres, j’ai continué dès que je pouvais le faire dans mes rapports, articles ou lettres…
Comment se déroule une journée type ?
Cette question est très large. Tout dépend du travail a effectuer. Par exemple, à l’île Maurice on partait tres tôt en mer vers 5h30 du matin et on revenait vers midi. L’après-midi était consacré au travail, à l’identification des espèces, le répertoire, etc.….
Travaillez-vous en collaboration avec d'autres personnes ? Quels sont vos liens avec ces personnes ?
Oui toujours. On utilise beaucoup internet ou le téléphone et les acteurs de ce milieu sont très connus. J’ai pu lors de mes voyages garder des contacts très forts avec certains scientifiques, naturalistes et photographes.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Tout le monde vous le dira, les subventions. Nous vivons par rapport aux aides qui sont gouvernementales, dons des membres ou stagiaires. Les aides gouvernementales sont difficiles à obtenir en France. Moins au Canada. Mais partout, les projets sont accordés pour une durée à déterminer.
Quelles sont les contraintes qui peuvent être liées à votre métier ?
Nous ne faisons pas ce travail pour l’argent. Il est fréquent de faire deux travails et apporter son aide en bénévolat. D’autres y travaillent pendant la saison d’été. La difficulté est de pouvoir rester dans une structure fixe à long terme. Des centres de recherches aux Etats-Unis ou ailleurs donnent l’opportunité de le faire. Ou continuellement bouger comme moi et apporter ces services aux tours-operators.
Qu'est ce qui vous plait le plus dans votre métier ?
Etre en contact avec les animaux et savoir qu’il y a beaucoup de travail afin de les protéger et les comprendre. Le fait d’être en plein air, sur un bateau et d’écouter le souffle de la baleine.
Quelles en sont les qualités et les compétences indispensables ?
Il faut être patient et tenace. Si l’on veut vivre de ça c’est très difficile. Ne pas hésiter à voyager et rencontrer des gens dans ce domaine. Et connaître l’anglais. Ca va de soit.
Que pensez-vous des différentes réglementation des différents pays concernant la protection des Cétacés ?
C’est très difficile d’y répondre car chaque pays a une réglementation. Souvent les lois de protections copient celles des Etats-Unis. Car c’était le pionnier en whale-watching.
Il peut avoir un accord entre différentes parties pour assurer leur protection. Par exemple concernant la Méditerranée, il existe Pelagos , le « Sanctuaire des Mammifères Marins en Méditerranée », ratifiée par l’Italie, la France et Monaco.
Pour plus d’informations, je vous donne les références (parmis d’autres) suivantes citées dans mes « Alphabets des Baleines et Dauphins » pour vous aider :
– pour les baleines :
- p 9 à 16, Stage en Cétologie, Sète, Echouage, G.E.C.E.M, 1996
- p 6 à 8, bulletin A.C.C.O.B.A.M.S n°1, 1999
- p 5 à 10, bulletin A.C.C.O.B.A.M.S n°2, 1999
- bulletin A.C.C.O.B.A.M.S n°4, 2002
- p 3, Newsletter , The Whale and Dolphin Conservation Society,february 2005
– pour les dauphins :
- p 45 et 46, Le Monde des Dauphins, Cousteau Jacques-Yves et Paccalet Yves, 1995
- p 231, Le Livre des Dauphins et des Baleines, Sifaoui Brigitte, 1998
Pensez-vous que l'écologie va prendre plus de place dans le quotidien des gens pour les années à venir ?
Oui, de plus en plus. Par exemple, en ce moment a Montréal il se passe la conférence des Nations-Unis sur les changements climatiques. Des experts et des dirigeants politiques de partout au monde se sont réunis pour discuter de l’avenir de notre planète. On a prouvé depuis des années que la terre se réchauffe et maintenant il faut convaincre les gouvernements de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Et vite.
Est-il possible de participer à la protection des tortues ?
Les tortues marines sont inscrites à la convention de Washington à l’annexe 1 et protégées depuis 1991 par le Ministère de l’Environnement français.
Il existe le réseau « WIDECAST » (Wider Caribbean sea Turtle Conservation Network : Réseau de conservation des tortues marines en Grabde Caraïbe). Le WIDECAST est un projet né lors de la première réunion des Parties contractantes de la Convention et le Développement de l’Environnement marin de la Région de la Grande Caraïbe (Convention dite de Cartagène, Résolution 3 sur le protocole des Aires spécialement protégées et la Vie sauvage) et du Meeting annuel des Associations de Conservation de la Caraïbe, en République dominicaine, du 26 au 29 août 1981, à l’initiative de l’UICN.
Le « Marine Turtle Specialist Group » de la Commission de Survie des Espèces de l’UICN a fourniles membres scientifiques du bureau de WIDECAST. Celui-ci est composé de 11 administrateurs et coordonne les activités d’un réseau composé d’environ 400 organismes et personnes. Le WIDECAST est géré au quotidien par un directeur (Karen Eckert) et un secrétariat.
Son objectif est de préparer un Plan d’action régional global dans la Grande Caraïbe, Golfe du Mexique, Mer Caraïbe, Atlantique Ouest jusqu’à 200 miles nautiques des Bahamas et de la Floride, et incluant la côte Nord du Brésil et un plan d’action pour chacune des 39 entités de cette région, dans le but de restructurer et mieux protéger les populations de tortues marines habitant ces eaux.Je vous invite à lire mon rapport et regarder sur internent pour avoir plus d’informations.
Ou l'on peut faire une formation en cétologie en France ? et puis-je travailler pour vous ?
Toutes mes formations sont effectuées sur le terrain. Je peux préconiser celle de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à l’Université de Montpellier II dirigé pare M. Pierre Beaubrun. Grand cétologue qui dirige depuis des années les travaux en Méditerranée et permet en France d’apprendre plus sur les cétacés.
Sinon il est impossible de travailler pour moi car je n’ai pas ma propre société et je suis salarié pour les différentes compagnies.