Cet espace marin protégé s’étend sur 87 500 km2, au sein du bassin Corso-Liguro-Provençal. C’est en 1999 que la France, l’Italie et Monaco signent à Rome les accords du Sanctuaire. Cette zone a pour objectif de protéger les cétacés et leurs habitats contre toutes les causes de perturbations : pollution, capture et blessures accidentelles, dérangements, etc. On estime qu’entre 1000 et 3000 rorquals communs, ainsi qu’environ 25 000 dauphins bleu et blanc, fréquentent ce périmètre, en été.
Historique du sanctuaire
L’idée de la création du sanctuaire est apparue, lors du constat de nombreux échouages de dauphins sur les côtes françaises et italiennes. Phénomène qui a révélé l’importance de la population des cétacés jusque là inconnue du grand public. Fin 89, SOS Grand Bleu alerte les dirigeants et scientifiques des trois pays afin de les sensibiliser à la préservation des cétacés. En effet, les baleines et les dauphins sont protégés par la législation française depuis juillet 1995 et par celle de Monaco, depuis 1993. Il est interdit de les détruire, de les capturer, de les poursuivre. Le 25 novembre 1999 à Rome, la France, Monaco et l’Italie, soutenus par les autres pays riverains de la Méditerranée, ont signé un accord international tripartite pour la création d’un sanctuaire pour les mammifères marins.Le 21 février 2002, l’Italie a ratifié l’accord du sanctuaire. Les différents groupes de travail (associations, scientifiques, collectivités territoriales) mettent au point les textes de réglementation.
Pourquoi ce périmètre ?
Au sein de cette zone, la présence de cétacés, est des plus fréquentes, en raison des conditions écologiques qui font de ce bassin une zone pélagique très productive et riche de formes vivantes. Grâce au courant liguro-provencal et aux remontées d’eaux profondes ou “upwellings”, provoquées par la tramontane et le mistral, le phytoplancton et le krill (petits crustacés) sont abondants. Attirée par l’abondance de nourriture planctonique, la majorité des baleines de Méditerranée s’y concentrent, de juin à octobre, pour satisfaire leurs besoins alimentaires.
Les côtes du sanctuaire sont soumises à une très forte urbanisation, source de pollutions et de nuisances multiples. Ce vaste espace connaît en outre un trafic maritime intense, qu’il soit commercial, civil ou militaire, et ses richesses biologiques subissent une forte exploitation. Ces pressions et ces enjeux ont conduit trois pays riverains qui partagent une longue histoire maritime, à unir leurs efforts.
Le terme même du sanctuaire implique la libre adhésion des coeurs et des esprits. Chacun de ceux qui fréquentent, en toute liberté, ce vaste espace est appelé à contribuer à cette protection.

Recherches scientifiques
- comptage pour estimer l’état des populations des cétacés ;
- photo-identification pour suivre leur migration ;
- analyse des échouages pour évaluer leur cause et mettre en oeuvre des mesures de protection ;
- estimation des menaces latentes qui pèsent sur leur habitat et leurs fonctions vitales tels que l’alimentation et la reproduction.
Journées nationales Pélagos:
Je reviens d’une visite aux journées nationales PELAGOS à Hyères- les- Palmiers (France), les 07 et 08 mai 2004. Je n’y suis allé que le 08 en fait car le 07 était consacré aux acteurs concernés et au « groupe de sensibilisation » du sanctuaire en Méditerranée.
Tout d’abord, la journée PELAGOS est la première réunion de mise en place d’un plan de gestion pour l’année 2004. Le Sanctuaire, mis en place en 1999 par la France, l’Italie et Monaco, a pour but de protéger les mammifères marins de Méditerranée.
La journée du 07 mai, organisée par la partie française et le -Comité National du Sanctuaire- (CNS) regroupait les Services de l’Etat, les organisations professionnelles, les collectivités territoriales, les équipes de recherche et ONG.
La journée du 08 mai permettait au public de connaître les derniers résultats scientifiques sur la cétologie dans le périmètre du Sanctuaire.
Ci dessous vous trouverai un résumé des différentes interventions lors de cette journée du 08 mai 2004 :
1) Le Sanctuaire PELAGOS :
Il a été présenté par Mr Robert Philippe du Parc National de Port-Cros. Celui-ci a expliqué qu’un accord a bien été signé le 25 novembre 1999 entre la France, l’Italie et Monaco pour la création en Méditerranée d’un sanctuaire pour les mammifères marins. Il est entré en vigueur le 21 février 2002 sur un espace de 87000 km2. Le Ministère de l’environnement a confié à
Port-Cros la responsabilité de le gérer et de protéger les cétacés du côté français. En collaboration avec les collectivités territoriales, des professionnels du transport, de la pêche, de laboratoires scientifiques, d’associations et ONG. Il a été décidé de créer un guide de bonne conduite pour l’observation des cétacés, de réunir les différents parties entre l’Italie et Monaco et d’échanger nos idées.
Le but est de définir une approche commune de toutes les parties dans l’intérêt des cétacés.
2) Le Régime alimentaire des cétacés en Méditerranée :
Mlle Guillelme Astruc de l’EPHE (Ecole Pratique des Hautes Etudes) a présenté son travail à l’échelle du bassin Corso – Liguro – Provençal. Elle a révélé que peu de travaux ont été faits à ce sujet. Le but était de récolter toutes les informations de l’ensemble du bassin Méditerranéen et de la Mer Noire. L’analyse stomacale des cétacés s’effectue toujours lors des échouages ou prisonniers dans des filets. Les pièces non digérées (mandibules, vertèbres, etc.) ont permis de prouver quatre tendances alimentaires concernant huit cétacés:
- le rorqual commun consomme exclusivement du plancton ( Meganyctiphanes norvegica )
- trois espèces de teutophages : cachalot, dauphin de risso et Ziphius
- une seule espèce de teutophage : globicéphale noir
- de préférence ichtyophage pour le grand dauphin, le dauphin commun et teutophage pour le dauphin bleu et blanc
3) La Pêche à la thonaille française :
Mr Bozonnat a expliqué que la thonaille française cible les thons rouges dans le sanctuaire « pélagos ». Il a été établi une charte de bonne conduite pour les pêcheurs qui ne concerne pas malheureusement les grands navires usines. Le danger intervient à la fin de l’été lors de la naissance de jeunes dauphins .. Les pêcheurs en ont capturé environ 350 dauphins dans leurs filets.
4) Le Grand Dauphin - Tursiops truncatus - sur les côtes corses :
Le GECEM recense depuis 1993 tous les grands dauphins le long des côtes corses. La population a été estimée entre 198 et 242 individus. Grâce à la photo-identification, des déplacements ont été observés entre la Corse et le continent et la fidélité à leur site par les femelles, connues depuis 10 ans.
5) Synthèse de quatre années de « Cap Ligure » :
Des 1999, Mr Ody et le WWF, aidé par la « Fondation Nature et Découverte », a souhaité développer le sanctuaire « pélagos » et identifier les grands dauphins des côtes française et corse. Il a été identifié entre 424 et 515 individus.La migration des rorquals communs pendant l’hiver les intéressent beaucoup.
6) Baleines et ferries dans le sanctuaire :
Présenté par le Commandant Mr Capoulade de la Société Nationale Maritime Corse Méditerranée (SNCM). Les thèmes abordés ont porté sur l’historique des collisions, les différents partenariats scientifiques, la prévention des collisions et des actions de sensibilisation.
7) Détectabilité Visuelle des Grands Cétacés à bord des Navires à Grande Vitesse (NGV) pour limiter les Risques de Collision :
La communauté scientifique soupçonne ces collisions comme la principale cause de mortalité. De ce fait un protocole de détectabilité efficace a été proposé par Mr Mayol et l’EPHE de Montpellier à tous les navires de la compagnie. Il a été relevé 8 collisions entre 1990 et 2003. Essentiellement la nuit.
8) Variation saisonnières du peuplement de cétacés dans le sanctuaire :
Mme Laran a expliqué que le dauphin de risso (Grampus Griseus) fréquente la zone toute l’année alors que le globicéphale noir (Globicephala melas) est présent de l’été au début de l’automne. Le dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba) est très présent entre septembre et octobre. Pour le rorqual commun (Balaenoptera physalus), le pic se situe entre juillet et août.
9 ) Les systèmes sensoriels chez les Odontocètes : adaptation à la vie marine
Mme Maggiani de l’université de Cagliari à collaboré avec l’université de Corte pour l’étude sensorielle des Odontocètes.
10) Rôle et intérêt du Réseau Méditerranéen d'Echouage :
Depuis 1972 les échouages font l’objet d’un recensement (environ 1500) sur les côtes françaises. Une collaboration s’est installée entre le GECEM et le Centre de Recherche sur les Mammifères Marins de la Rochelle. Elle permet de reconnaître les espèces rares et d’apporter une source précieuse de données biologiques (génétique, reproduction, parasitologie, répartition mensuelle et géographique, ).
11) Distribution et Habitat critique du cachalot en Méditerranée nord - occidentale :
En été la population de cachalot se divise en deux : il y a d’une part le groupe maternel, localisé au sud du 41° parallèle vers les Baléares et d’autre part un groupe se localisant au large de la Provence et de la Ligurie.
(Merci à l’ONG S.O.S Grand Bleu).
Site du Sanctuaire Pelagos