Depuis toujours, je me
suis senti concerné par les problèmes environnementaux
dans les océans ou les fôrets. Mon problème
est que je préférais être sur le terrain
à défendre notre planète que de me
retrouver à l'école et écouter des
conseils pour ne pas agir tout de suite.
Le groupe écologique
que j'ai toujours soutenu est Greenpeace. Parce que leur
but est de protéger notre terre contre les abus
des pouvoirs publics et de mettre la pression aux compagnies
polluantes. C'est exactement ma philosophie.
De plus, étant au
Canada je ne peux pas oublier que cette organisation est
née à Vancouver. Aujourd'hui encore, je
les soutiens pour protéger les baleines et faire
face à la chasse abusive de certains pays.
En 2000, j'ai eu un très
bon contact avec la personne chargé de campagne
pour Greenpeace France. Grâce à elle j'ai
pu effectuer 3 actions ciblées. A ce moment la,
je vivais à Strasbourg (France), donc proche de
la frontière allemande, de la Suisse et des pays
de l'Est.
La première :
La chargé de campagne
me téléphone et me dit que Greenpeace International
a besoin de 100 activistes pour former un périmètre
et occuper le site de la décharge de déchets
toxiques et les bâtiments de l'ancienne usine CISA
au village de Bonfol, situé dans la région
du Jura Franco-Suisse.
Sans hésitation
j'ai accepté d'y aller une semaine minimum. Sur
place la logistique était organisée par
Greenpeace Suisse.
Du jour au lendemain, je
suis parti en train dans cette magnifique région.
Sur le trajet j'ai retrouvé des activistes et nous
avons passé une nuit dans un village avant de partir
sur le site. Le lendemain, une véritable caravane
de camions débarquait dans un petit village habitué
au calme. Evidemment tout le monde nous regardait.
Le bâtiment était
abandonné depuis des années et j'avais ma
chambre au second. Tous les activistes séjournaient
dedans ou à l'extérieur dans des tentes,
camping-car ?.. C'était un camping sauvage dans
une ambiance surréaliste.
Ce qu'il faut savoir, c'est
que de 1961 à 1976, différentes entreprises
de chimie bâloise ( Novartis, Roche, Clariant et
Ciba ) ont déchargé différentes substances
toxiques (zinc, plomb, cadmium et mercure : 114'000
tonnes) dans l'ancienne glaisière de Bonfol.
Pour cela, Greenpeace a
demandé d'assainir la dangereuse décharge
industrielle et exig é que la chimie bâloise
soit responsable de leur site. L'infrastructure de l'ancienne
usine CISA, dont la fabrication de céramique était
responsable de la glaisière é tait remplie
de déchets chimiques toxiques.
Je me souviens qu'une nuit,
nous étions intervenus sur le site pour faire des
prélèvements dans l'enceinte de la décharge.
Le but était de les apporter dans un fût
au siège des industries de Bale. Greenpeace a découvert :
« des teneurs élevées en dioxines
et furanes, des eaux de percolation contenant des polychlorobiphényles
(PCB) et de très hautes teneurs en hydrocarbures
aromatiques polycycliques (HAP) et les liaisons azotées
aromatiques contenant des substances pouvant être
fortement toxiques et cancérigènes ».
Et c'est pas tout, «
la nappe phréatique coule dans le cailloutis de
Sundgau, la couche géologique qui approvisionne
les habitants de la vallée de l'Allaine et de la
Largue en haut potable. Cet échantillon contient
des chlorobenzènes comme tous les autres prélèvements;
ceci constitue une menace pour l'eau potable de milliers
de personnes ».
Bref, je peux dire que
la nappe phréatique est contaminée. Les
organisateurs m'ont appris que, je cite : «
Les dioxines sont parmi les substances chimiques
les plus toxiques que connaisse l'humanité, c'est
pourquoi elles sont bannies au niveau international. Etant
donné qu'entre 1961 et 1976, Bonfol était
la seule décharge légale de déchets
chimiques de la BCI en Suisse, il faut partir du principe
que les déchets contenant des dioxines ont été
stockés à Bonfol ».
Durant notre présence,
les industries refusaient de reconnaître les dangers
malgré nos preuves ! Les communiqués
de presses étaient contre nous et personne ne pouvait
faire grand chose. Les pollueurs encaissent de gros bénéfices
pour satisfaire leurs actionnaires et leurs propres bourses.
On a décid é
de rester aussi longtemps pour que l'endroit soit financ
é par eux, et également pour toutes les
décharges de la chimie bâloise.
Les transnationales chimiques
bâloises Novartis et Ciba SC promettent depuis des
mois d'informer la population sur les résultats
d'analyse de leurs décharges sauvages; elles n'ont
jamais rien fait. Novartis, Roche, Ciba, Syngenta &
Cie se positionnent comme des entreprises de renommée
mondiale et sont obligées d'assumer leurs responsabilités.
Lorsque les travaux démarrent,
les dioxines menacent non seulement la santé des
travailleurs qui seront chargés des travaux d'assainissement,
mais aussi de la population de Bonfol, de Bâle,
Belfort, Montbéliard et des communes voisines.
J'y suis resté finalement
une semaine car je devais rentrer pour différentes
raisons. Je travaillais bénévolement pour
être activiste et le temps jouait contre moi. J'ai
ador é ces moments avec tous ces gens venus de
toute l'Europe, surtout celle de la nuit ou en petit groupe
nous sommes allés faire les prélèvements.
Un matin, nous étions une douzaine de militants
ayant remis le fût numéro 8 contenant de
l'eau d'infiltration contaminée qui s'écoule
de la décharge de déchets toxiques dans
le Jura. Ce fût était accompagné d'une
banderole soulignant la nécessité d'un assainissement
immédiat de la décharge de déchets
spéciaux. Nous é tions habill é tout
de blanc comme des personnes travaillant dans des usines
nucléaires. C'était très rapide et
comme à notre habitude, nous devions le faire correctement
avant la venue de la police. L'adrénaline montait
avant, pendant et après sur le chemin du retour.
Mon deuxième souvenir
fut mon baptême de montgolfière ! Une
équipe du siège de Greenpeace à Amsterdam
est venu avec tout son équipement pour monter en
place l'énorme et célèbre montgolfière
de l'organisation. Celle-ci était visible dans
tous les magazines et on pouvait la voir de très
loin. J'ai eu la chance de les aider à la mettre
en place, d'effectuer un premier essai à quelques
mètres du sol attachée à la remorque
d'une voiture. Je me souviens très bien de la chaleur
hallucinante dût au flamme pour l'obliger
à décoller !
En tout cas, j'ai de très
bon souvenir de mes journées passées dans
leur équipe. De plus, des habitants du village
nous encourageaient et il arrivait de recevoir des gâteaux,
biscuits ou autres pour nous remercier de notre action.
Quel encouragement !
J'ai su que les activistes
sont rest és plus de 2 mois sur le site de Bonfol.
L'organisation a cessé son occupation de
la dangereuse décharge industrielle parce que l'industrie
chimique bâloise (Basler chemische Industrie, BCI)
avait accepté de l'assainir complètement.
Mais au dernière nouvelle, le dossier n'est pas
clos !


Greenpeace Suisse, autorise par "Greenpeace
Suisse/Clément Tolusso"
La Seconde action :
Après, Greenpeace
France m'a demandé de partir à Vienne pour
une action aux sièges des nations-unis car il était
question d'une conférence sur les OGM. Le trajet
était très long en train, départ
de Strasbourg (France) mais ça reste un bon souvenir.
Greenpeace Autriche avait préparé une mise
en scène avec des danseurs déguisés
en légumes et un orchestre jouant du Mozart.
Je portais un vêtement
ancien et une banderole préconisant l'interdiction
des OGM dans nos assiettes. Apres cette journée,
je suis resté un peu pour visiter la ville chargée
d'histoire. Malheureusement pour moi, tous les monuments
historiques étaient en travaux et bâchés.
Dommage !
Troisième action
:
Je devais retrouver toute
une équipe à la gare de Bale (Suisse) pour
préparer une action contre un train transportant
des déchets radioactifs en provenance de l'Est
pour l'usine de retraitement de la Cogema en France. Nous
avons pass é une nuit sur place puis on s'est positionn
é le soir sur les rails peu avant la frontière
française. Chacun de nous avait un numéro
de téléphone d'un avocat au cas ou on se
ferait arrêter par la police.
Un activiste et moi étions
positionn é quelques mètres avant pour avertir
par radio l'arriv ée du train. La seconde équipe
était prête à s'enchaîner sur
les rails dès mon appel.
Cach é dans un buisson
toute la nuit dans un froid glacial, l'attente fut difficile.
Finalement, le train est pass é tôt le matin,
mais trop vite pour que la seconde équipe se prépare.
Je me souviens que normalement un train ne doit pas dépasser
une vitesse maximale pour ne pas risquer un accident,
mais celui-ci allait très vite et a franchi la
frontière sans ralentir.
L'opération n'a
pas march é mais de nouveau, c' était une
bonne expérience.
A la fin, la personne responsable
des campagnes de Greenpeace France à Paris est
partit et plus personne ne m'a contacté ?
De plus, je pensais venir vivre au Canada, donc je ne
voulais pas prendre de risque en me faisant arrêter
par la police. Un tel acte n'était pas concevable
pour le dossier d'immigration.
Tout ça pour dire,
que je remercie Greenpeace de m'avoir fait connaître
leur coordination, leurs travaux, de voyager et de rencontrer
des gens qui ont la même perception de l'écologie.
J'étais conscient des risques mais jamais je ne
renoncerais à la tache. L'adrénaline et
le risque font partie des règles du jeu?
C'est évident que
je serais toujours à leur côté , surtout
lorsque je regarde les vidéos des zodiacs face
aux bateaux japonais. Quelques fois je voudrais être
dans l'action et pouvoir les aider?
Julien Marchal-Montréal-Québec/Canada-février
2006.