Julien
Marchal - Strasbourg - Février 2000
Introduction :
En janvier 2000, Greenpeace
Internationale lançait sa « Campagne
Baleine » jusqu'à la prochaine C.B.I
(Conférence Baleinière Internationale) de
juin prochain.
Depuis, les groupes locaux
de chaque ville en France doivent s'organiser pour entreprendre
des actions sur ce sujet.
De ce fait, le rapport est
un début pour connaître les mammifères
marins, étant dans une région éloignée
de tout contact avec ce milieu. Les cétacés
sont chassés dans certain endroit du monde et connaissent
une pollution maritime sans précédent. Afin
de pouvoir se défendre et expliquer l'essentiel,
nous avions besoin d'un minimum de connaissance.
Je ne voulais pas faire quelque
chose de trop compliqué afin d'être compris
par l'ensemble du groupe et de nombreux schémas
accompagnent le texte.
Bonne lecture.
1. Origine et
Evolution :
- L'origine des cétacés s'est posé
de la manière suivante : trois groupes dont
deux modernes et un groupe ancien. Le groupe ancien se
trouve dans l'Eocène supérieur (40 ma) ou
l'on y trouve les cétacés premiers ou
« archéocètes ». Ils
vont disparaitres graduellement pour laisser place aux
mysticètes et aux odontocètes, en pleine
phase évolutive. A la fin de l'Eocène (38
ma), les deux groupes modernes apparaissent, qui donneront
la forme approchée des cétacés actuels.
Un groupe va influencer à l'évolution
des cétacés : la famille des
« créodontes », carnivores
à quatre pattes. Une première histoire des
cétacés est représentée par
un créodonte vivant simplement près des
rivières, occupant la niche de mangeurs de cadavres
rejetés sur les plages par la mer. Puis, ils ont
commencé à attraper les poissons piégés
dans les lagunes temporaires littorales et les bassins.
Ensuite, une mer riche en poissons à joué
le rôle d'attracteur « passif »
pour un « créodonte » devenu
semi-aquatique un groupe de Condylarthres, les Mésonychidés,
dont on retient le « Mésonyx »,
gros chien poilu, ancêtre des archéocètes.
Le changement océanologique majeur de la fin de
l'Eocène entraînant une augmentation fabuleuse
de la productivité des océans, est la cause
de la seconde expansion des cétacés qui
signe la différenciation de deux groupes modernes.
La dérive des continents et les changements de
climat ont aussi une influence sur les cétacés.
De ce fait, les cétacés ont quitté
la terre et sont retournés à la mer, comme
l'avaient fait beaucoup d'espèces reptiles avant
eux.
- Chez les mammifères marins, la proportion entre
doigts, avant-bras et bras varient d'une espèce
à une autre, ainsi que le nombre de doigts et celui
des phalanges. La disposition de certains os du crâne
chez les odontocètes est très profondément
modifiés par rapport à celle d'un mammifère
comme le chien. Le développement embryonnaire montre
bien que l'ancêtre avait un crâne « normal »
de mammifère terrestre. Agé, le foetus garde
des proportions de celui du mammifère classique.
Chez les mysticètes, le crâne est large,
en rapport avec la grande ouverture de la bouche qui forme
le piège à plancton, l'eau emmagasinée
étant filtrée ensuite au travers des fanons.
Les deux méthodes
pour connaître leurs origines :
a. Les Fossiles :
Les fossiles sont les seuls
à pouvoir nous faire connaître la réalité
d'êtres vivants différents de ceux d'aujourd'hui.
Ils permettent aux cétacés de s'inscrire
dans un cadre chronologique et dans un contexte écologique
et géographique. Les fossiles seuls peuvent faire
connaître la diversité passée d'un
groupe, autre donnée de portée de la phylogénie
moléculaire ou de l'anatomie comparée. On
en a trouvé en Afrique du nord, en Asie dont l'Inde
et le Pakistan.
Le problème avec les
cétacés vient du fait qu'ils ont beaucoup
divergé des autres mammifères en raison
des contraintes de l'adaptation à la vie marine
au point qu'il n'y a plus de caractères simples
qui permettent d'établir leur rapport avec un autre
ordre de mammifères. Leur existence soutient l'hypothèse
que les cétacés modernes descendent d'un
ancêtre unique.
b.
Phylogénie moléculaire :
Depuis trente années,
un nouveau moyen de retrouve la généalogie
des espèces est donnée par la biologie moléculaire.
On parle de phylogénie moléculaire. Les
molécules biologiques telles les protéines
ou les gènes, peuvent entrer dans des comparaisons
au même titre que des os ou des dents. Les protéines
sont des chaînes d'acides aminés, les acides
nucléiques (ADN : support de l'hérédité)
qui constituent les gènes sont des chaînes
de nucléotides. Tout changement d'acide ou de nucléotide
est un caractère. Il y aura donc moyen de constater
les différences, pour une même protéine
ou pour un même gène, entre deux espèces
quelconques. La différence sera d'autant plus grande
que les espèces seront éloignées
du point vu généalogique et que du temps
se sera écouler entre chacune d'elles. A partir
d'analyse faite, ils ont pu prouver que les hippopotames
(famille des artiodactyles, dont le cochon) pourraient
être plus étroitement apparentés aux
cétacés.
2. Espèces :
Sur 4000 espèces de
mammifères vivant sur notre terre, il existe 41
genres et 78 espèces de cétacés.
Odontocètes :
-
Platanistidés ou dauphin d'eau douce de l'Amazonie
et de l'inde, de la Chine du sud.
-
Dephinidés ou dauphins, orque.
-
Phocaenidés ou marsouins.
-
Delphinaptéridés ou beluga et narval.
-
Physetéridés ou cachalots
Mysticètes
(vient du grec « moustaches »,
cf.les fanons) :
-
Balaenidés ou baleines franches.
-
Balaenoptéridés ou rorquals.
-
Eschrichtiidés, baleine grise.
Il y existe une chaîne
alimentaire liant plusieurs niveaux trophiques :
-
7 Cétacés, orques.
-
6 requins
-
5 poissons osseux, requins
-
4 céphalopodes (calmars, etc?), poissons osseux,
requins
-
3 petits crustacés, larves diverses, méduses,
procordés, alevins
-
2 zooplancton
-
1 phytoplancton
Les cétacés
à fanons exploitent les niveaux 3 et 4 et les cétacés
à dents les niveaux 4 et 5.
3. Anatomie, Physiologie
des Cétacés, Adaptations :
Toute l'anatomie est tournée
vers la locomotion par l'optimisation des pertes et l'augmentation
de la puissance.
-
Mouvement de la caudale verticale différente
des poissons et requins ! Les cétacés
possèdent trois types de nageoires qui ont
une fonction propulsive et directionnelle. Les pectorales
et la dorsale dirigent et stabilisent la nage, tandis
que la caudale donne l'impulsion. La forme des ailerons
dorsaux peut varier selon l'espèce et l'individu.
Pour la caudale, elle est partagée en deux
lobes symétriques dont le bord de fuite est
marqué par une échancrure médiane.
|
|
-
Le crâne du cétacé est identique à
celui des mammifères. L'encéphale, par rapport
au poids total de l'animal est de dimension réduite.
Le volume total du cerveau des cétacés est
inférieur à celui de l'homme (560 centimètres
cubes chez les souffleurs contre 660 chez l'homme) mais
toujours supérieur à celui des chimpanzés.
-
Les côtes des cétacés sont fines et
non complètement ossifiés, ce qui en fait
des os fragiles.
-
Les muscles des cétacés sont très
développés et sombres dût à
la forte richesse en myoglobine trois fois supérieures
à l'homme.
-
Un volume relatif d'air pulmonaire renouvelé
à 80-90% (15-18 pour l'homme), une puissance supérieure
de la pompe cardiaque, une distribution plus efficace
de l'oxygène aux muscles et une diminution des
coûts énergétiques dû à
la thermorégulation, ?
a. Locomotions
Assistées :
·
le « bow riding » : nage en
avant d'un corps de grand taille se déplaçant
dans l'eau (à l'étrave d'un navire,
baleine (Açores ! : dauphins et Rorqual).
·
Le « surf riding » : surf avec
la vague.
·
Nage en formation échelonnée : utilisé
par le petit suivant sa mère, attraction entre
les deux corps augmentant avec la vitesse et la proximité
des corps, loi de Bernouilli.
b. La Peau :
Celle des cétacés
est de dix à douze fois plus épaisse que
celle des mammifères terrestres. Tout au long du
corps, l'animal est parcouru d'une multitude de rides
minuscules qui dirigent le flux de l'eau afin d'éviter
des phénomènes de turbulences au cours des
déplacements rapides. Les principales couches sont
:
·
« L'épiderme » : fine,
de 5mm
·
« Le derme » : mince couche
de conjonctif
·
« L'hypoderme » : épaisse,
comprenant de nombreuses cellules qui varie en fonction
de l'état physio-pathologique de l'animal, de la
disponibilité de la nourriture et de la localisation
anatomique (grande quantité vers l'arrière).
Si l'animal a besoin d'épargner de la chaleur
(plongée, climat polaire), un contre-courant permet
le transfert de chaleur depuis des artères vers
les veines, si l'animal a besoin de libérer de
la chaleur (effort physique), la circulation s'effectuera
de préférence par la voie superficielle.
Ce mécanisme existe chez les mammifères,
mais les cétacés l'utilisant au maximum.
c. Organes Sensoriels :
* « Les yeux » : un champ visuel
large, 130° horizontalement, myopes dans l'eau et
légèrement astigmates en dehors.
* « l'ouie » :
c'est l'organe le plus développée et le
plus spécialisé dans tous les sens. L'oreille
est composée d'une oreille interne, siège
de l'audition et d'une oreille moyenne, lieu d'amplification
de signaux, contenue dans l'os périauriculaire.
Les oreilles sont séparées du crâne
et protégés par du tissu adipeux. L'oreille
externe est réduite à un conduit non fonctionnel,
en relation avec les grandes pressions contenant un bouchon
de cire chez les mysticètes.
* « l'écholocalisation »
ou « sonar » : les signaux
sont de trois types, modulation de fréquence, impulsion
(signal discontinu), bruit blanc (mélange de fréquence
en continu). Il faut savoir que le son se propage dans
l'air à une vitesse d'environ 340 mètres
par seconde, c'est à dire presque cinq fois moins
vite que dans l'eau, d'ou le dauphin, son sonar peut déceler
une tige de cuivre par rapport à l'aluminium. Ses
sons peuvent être émis par les sinus aériens,
vibrant lors du passage de l'air de l'un à
l'autre en produisant des cliquetis et sifflements, soit
par le melon, muscle puissant situé dans la tête,
permettant de focaliser les sons. Chez le Tursiops, les
fréquences peuvent aller de 4 à 170 kHz,
eméttants des cliquetis au nombre de 30 à
800 par seconde. Chaque animal possède un
registre propre issu du processus de socialisation.
d. La Respiration :
Les
cétacés sont des mammifères
et sont donc dépendants de l'O2 de l'air.
L'ouverture des conduits respiratoires est située
au-dessus de la tête, conséquence du
télescopage des os de la face. |
|
-
Chez les Odontocètes, on y trouve une simple ouverture
et, chez les mysticètes : une double ouverture.
Il est à noté que la respiration n'est pas
un acte réflexe mais contrôlé, donc
conscient.
* Chez les odontocètes,
l'évent débouche dans des sacs vestibulaires
(voir document) et les mysticètes n'ont pas de
cavités accessoires.
* Les poumons sont moins développés
que chez les mammifères terrestres et situés
dorsalement. Les cétacés ont amplifié
la « circulation sélective »lors
de la plongée, c'est à dire par le jeu des
sphincters capillaires situés dans tous les organes,
le cerveau, le coeur et les muscles sont prioritairement
irrigués, permettant une économie d'énergie
importante.
* Au niveau de la cellule, le métabolisme énergétique
de l'hématie est deux fois plus efficace que celui
de l'homme.
-
Les courbes de saturation de l'hémoglobine montrent
que celle-ci est proche physiologiquement de celle des
poissons. Elle a une affinité supérieure
pour l'oxygène en milieu légèrement
basique et inférieure en milieu acide comparé
aux mammifères terrestres. Ce qui permet d'obtenir
une plus grande efficacité dans le transport d'O2.
A chaque respiration, ils renouvellent 80% de l'air et
vident complètements leurs poumons à chaque
respiration.
- Le champion d'apnée
est le cachalot (Physeter macrocephalus) : il peut
descendre jusqu'à 2000 mètres de profondeur
et rester 75 minutes.
e. L'Alimentation :
* Les Odontocètes
avalent sans mâcher mais découpent parfois
comme l'Orque. Ils mangent des crustacés benthiques,
écrevisses, mollusques, calmars, poissons, oiseaux
et mammifères. Ils utilisent leur sonar pour localiser
les proies, mais ils peuvent les assommer par des
sons de très hautes fréquences et produire
de violentes détonations en claquant la queue contre
la surface.
* Chez les mysticètes,
la bouche est faite de fanons ressemblant à de
l'ongle composé d'une lame rigide et de « poils »
filtrants (5 mètres au maximum). Ils se nourrissent
de petites proies : krill, plancton et petits poissons.
Grâce à leur système de pression de
la langue.
Un Rorqual bleu de
150 tonnes peut ingurgiter 50 tonnes d'eau et de nourriture
mélangée. Chaque espèce chasse différemment :
les mégaptères entourent les bancs de petits
poissons d'un filet de bulles, tandis que les baleines
grises draguent la vase pour y dénicher les petits
crustacés.
f. La Reproduction :
* Le comportement sexuel
du dauphin est sophistiqué et différent
en captivité. Un delphineau connaît le premier
coït très tôt. Le mâle est sexuellement
actif à partir de sa puberté toute l'année.
Pendant les « chaleurs », le mâle
sélectionnera une femelle du troupeau et se livrera
à une parade nuptiale, avec des sauts, des caresses,
L'acte se fera verticalement ou horizontalement. Les organes
sexuels externes et les mamelles sont logés dans
des poches qui les protègent contre d'éventuels
frottements pendant les déplacements de l'animal.
Chez certaines espèces
la vie du couple dure plusieurs années ou toute
la vie, dans le cas des orques, mais souvent les dauphins
sont polygames.
La gestation tourne autour
d'un an. En delphinarium, le taux de mortalité
à la naissance dans la première année
est de 35%.
Le petit apparaît la
caudale en premier pour ne pas se noyer aidé par
une tante ou une proche de la mère. Il va téter
une fois toutes les demi-heures puis le rythme se stabilise
autour de 7 fois par jour. Le lait est plus concentré
et plus gras que des hommes. Le sevrage dépend
de l'âge de la mer : plus celle-ci est proche
de la fin de son cycle de reproduction, plus il se fera
tard.
* Chez les mysticètes,
l'acte fait intervenir plusieurs mâles. Le mégaptère
ou baleine à bosse va chanter des heures pour séduire
la femelle. La mère va rester très proche
de son petit, souvent à la surface pour restreindre
au maximum le besoin énergétique car elle
s'alimente guère durant la lactation.
g.
Le Comportement :
La structure de groupe social
la plus répandue chez les cétacés
se situe entre deux extrêmes :
( des espèces comme le dauphin solitaire (exemple
le dauphin d?eau douce) qui se rassemble seulement pour
la reproduction.)( des espèces comme le dauphin
bleu et blanc, qui forment des groupes de 1000 individus.)
Solidaire et en groupe,
il lui est plus facile de s'alimenter, de se protéger
contre les prédateurs ou élever ses petits.
Tout dépend également de l'activité
des membres qui le composent. Certains comportement, comme
taper la surface de l'eau avec la caudale, est un signe
d'énervement ou de communication avec les autres
membres du groupe. Des rivalités entre les mâles
d'un même groupe pour séduire une femelle
sont fréquentes et créent des séquelles
dans l'harmonie du groupe.
4. Danger et Pêches:
a. Action de
l'Homme :
(La chasse baleinière
n'a pas entraîné l'extermination de toutes
les espèces de cétacés, mais des
populations entières isolées ont disparu
(Baleine grise Atlantique) ou ont été sur
le point de l'être (Baleine grise du pacifique Asiatique
ou Baleine France boréale) ou incapable de se reconstituer
(Baleine/Rorqual bleu).
Tirs et harpons des pêcheurs
sur les dauphins, considérés comme concurrents
(Corse, Baléares, Sardaigne ou Malte).
· Capture pour les
delphinariums (zoos marins)
· Vente de viande
de dauphins dans certains restaurants.
Pêche.
Surexploitation
des stocks halieutiques
Manoeuvre
militaire : explosions, mines et expérimentations
acoustiques (projets de recherches climatologiques visant
à calculer la température de la mer en étudiant
la propagation d'ondes acoustiques de très forte
intensité à travers tout l'Océan
Pacifique, ex. Hawaii !) font craindre des conséquences
incontrôlables sur les cétacés.
Trafic maritime :
les collisions en Méditerranée des grands
bateaux rapides
(car-ferries, NGV à
50 noeuds) avec les Rorquals semblent une cause majeure
de leurs mortalité. Il nous est difficile de comprendre
pourquoi elles ne parviennent pas à se détourner
de la routes des navires ?.
b. La Pêche :
- Les filets dérivants
de plusieurs kilomètres de longs sont des véritables
murs de la mort (interdiction en 2001). Exemple :
de 1992 à 1993, les thoniers français de
l'Atlantique Nord ont ainsi capturés dans les filets
dérivants environ 200 dauphins communs (Delphinus
delphis), 600 dauphins bleu et blanc (Stenella coeruleoalba),
20 grands dauphins (Tursiops truncatus), 30 globicéphales
noirs (Globicephala melas), des dauphins de Risso (Grampus
griseus), Cachalot (Physeter macrocephalus), Cachalot
pygmée (Kogia breviceps), Rorqual commun (Balaenoptera
physalus), Petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata)
et un Mesoplodon. Il faut savoir que les dauphins pris
dans les filets sont mutilés, après leur
décès sous l'eau par asphyxie, afin de les
sortir plus facilement des filets (section des nageoires
pectorales et/ou caudale) ou pour les faire disparaître
(éventration pour les lester de pierres avant de
les couler).
- Les chaluts pélagiques
sont désastreux sur l'écosystème
marin.
- Les sennes tournantes.
- Les longues lignes aux
larges.
c. Pollution maritime :
* matières plastiques
et objets vulnérants en suspension : 1,5 milliards
de déchets flottants recensés.
* pollution chimique :
- « hydrocarbures » :
la toxicité est très mal établie.
Pourtant, elle n'épargne aucune mer mais on n'a
jamais trouvé de cétacés mazoutés
échoués. Des expériences en
bassin ont montré que les Tursiops étaient
capables de déceler la présence d'une
fine pellicule d'hydrocarbure à la surface de l'eau,
même de nuit. Certaines baleines grises (Eschrichtius
robustus) et des Rorquals Communs (Balaenoptera physalus)
ont été observés traversant des nappes
de pétrole durant leur migration. Mais lors
de la catastrophe de l'Exxon Valdez en 1989, le lieu concernant
le territoire d'un groupe d'Orques résidents. Six
ans plus tard, il ne reste plus que 22 des 36 individus
connus auparavant. Mortalité par intoxication ?
destruction de la structure sociale ? Les hydrocarbures
sont des substances irritantes pour l'épiderme
fragile des cétacés et perturbent les chaînes
alimentaires.
Les pesticides, PCB et métaux
lourds proviennent de la croissance industrielle
et représentant une menace sérieuse pour
les cétacés. Mais l'analyse de données
reste expérimentale et les conditions d'échantillonnages
aléatoires.
- Pesticides et PCB :
les PCB ou polychlorobiphényls sont utilisés
dans l'industrie des matières plastiques, peintures
et vernis ou comme synergistes d'insecticides organochlorés.
Leur présence dans l'environnement est due
à des rejets industriels ou à la combustion
des matières plastiques. Les pesticides ou insecticides
sont organochlorés par chloration d'hydrocarbures
aromatiques. La toxicité de ces produits lipophiles
relevés dans des couches de graisse chez les cétacés
du monde entier est impressionnante. Lors de la lactation,
la mère repasse ces composés toxiques à
ses petits.
-
Métaux lourds : la voie digestive est la principale
porte d'entrée dans l'organisme de cétacés.
Les sources de polluants sont essentiellement liées
aux rejets industriels. Comme pour les pesticides, l'absence
de données expérimentales ne permet pas
de connaître les seuils exacts de toxicité.
Dans l'estuaire du Saint-laurent (Québec), les
bélougas sont considérés comme des
déchets toxiques, tant leur teneur en mercure est
importante.
d. Exemple du Morbillivirus :
L'épidémie
de Morbillivirus en Méditerranée à
tué en masse les dauphins en particulier les dauphins
bleu et blanc (Stenella coeruleoalba). Au moins 450 dauphins
collectés en Espagne, 150 en France et 280 en Italie
sont morts durant 1990 à 1992. Ce virus est similaire
à la maladie de Carré d'origine canine chez
les carnivores. Le Morbilivirus provoque essentiellement
des lésions de l'appareil respiratoire et du système
nerveux ainsi qu'une congestion généralisée
des organes.
Depuis 1987, plusieurs
populations de mammifères marins ont été
touchées par des infections provoquées par
des Morbillivirus. Toutes les questions n'ont pas encore
été élucidées, mais en Méditerranée,
des hypothèses sont à apparues :
-
mauvaises conditions climatiques durant l?hiver
1989-1990 entraînant une diminution alimentaire.
-
une contamination importante par les PCB et DDT et métaux
lourds.
-
un agent causal : le Delphinoid Distemper Virus,
se rependant chez les animaux affaiblis et immunodéprimés
par les PCB et métaux lourds.
-
la survenue d?affection secondaire chez les animaux affaiblis.
-
la progression de la maladie entre individus ou groupes
temporaires et facteurs sociaux.
-
le dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba) était
la plus touché, dû à sa sensibilité ?
son explosion démographique ? Elle une espèce
répandue malgré ses pertes abondantes et
va combler en quelques années les pertes subies
lors de la maladie.
Cette épidémie
est révélatrice des seuils de pollution
de la Méditerranée.
5. Echouages :
Les échouages offrent
l'avantage, suivant leurs état de fraîcheur,
de permettre aux prélèvements systématiques
sur la totalité des organes et tissus. Par exemple,
a partir des restes indigestes, otolithes de poissons
et becs de céphalopodes, présents dans les
contenus stomacaux, il est possible d'identifier les proies.
De là sont déduits les secteurs et les profondeurs
de pêche, profondeur parfois différentes
pour les mâles et les femelles d'une même
espèce. Le prélèvement d'une dent
permet de déterminer son âge. L'examen des
gonades (testicules ou ovaires) donne des indications
sur l'âge de la maturité sexuelle.
Les échouages restent
un mystère. Plusieurs hypothèses sont envisagées :
a. Echouages individuels accidentels :
* Erreur de navigation : ce sont surtout les espèces
pélagiques égarées des fonds côtiers
sableux de faible pente, dont l'écho sonar ne leur
est pas familier. Exemple : le 17 octobre 1996, un
Rorqual commun et son petit s'aventurent dans la zone
du parc à moules de Port-Saint-Louis, et le jeune
baleineau (6 mètres et 5 tonnes environs) allant
s'échouer dans un mètre d'eau. Il va être
remis à l'eau.
* Poursuites de proies à
terre : plusieurs espèces viennent manger
leurs proies à terre, comme les orques aux îles
Crozet ou des Tursiops rabattant des poissons sur les
rives en Floride.
b. Echouages accidentels en masse :
* Anomalies du champ électromagnétique
terrestre. Les sites d'échouages ne sont pas répartis
par hasard, ni suivant les courants, mais en des lieux
où les lignes de champ magnétique terrestre,
suivant la direction desquelles certains cétacés
seraient censés naviguer, sont plus ou moins perpendiculaires
au rivage. La boussole interne des Cétacés
leur indiquerait une route erronée.
* Solidarité
avec un leader ou un compagnon échoué :
un groupe de cétacés peut s'échouer
autour d'un compagnon malade et refuse de le quitter jusqu'à
sa mort.
c. Echouages liés
à une cause pathologiques :
* Dérèglement
du système sonar, troubles cérébraux :
action de certains parasites ou de réactions inflammatoires.
Les pathologies parasitaires à retenir sont :
( la maladie de Lobo due
aux anthropozoonoses).
( le trématode Nasitrema
pour son impact pathologique grave (lésions cérébrales).
( les Anisakidae pour leur
fréquence d'apparition et leur impact dans les
pêcheries).
( les Crassicaudidae pour
leur microhabitat particulier).
( les cyames pouvant être
utilisés comme des marqueurs biologiques).
* Recherche de hauts fonds
pour éviter la noyade : les cétacés
préfèrent s'échouer pour ne pas avoir
à se maintenir en surface pour respirer.
6. Les Parasites :
- On distingue les « endoparasites »
(on y retrouve des trématodes digéniens,
des nématodes ou des acanthocéphales, etc.)
vivant à l'intérieur des organes et des
tissus et les « ectoparasites »
qui se fixent sur la peau des mysticètes.
Dans cette deuxième
catégorie, on y trouve la famille des copépodes,
le Penella, qui se nourrit dans la couche sous-cutanée
et se nourrit directement du sang. Les balanes (genre
cirripèdes),
ne sont pas des parasites
à proprement parlé, mais des épibiontes,
car elles trouvent la nourriture dans l'environnement
et se servent de la baleine comme substrat.
7. La C.B.I :
La Commission Baleinière
Internationale fut crée par les pays chasseurs
en 1946 dans le cadre de la convention internationale
pour la réglementation de la chasse à la
baleine. Elle a pour but de protéger les zones
de reproductions et de gérer les stocks. Son siège
est à Cambridge en Angleterre. Les Etats non-membres
et les organisations non-gouvernementales peuvent participer
à la réunion, qui se tient une fois par
an, à condition d'en faire la demande au secrétariat.
Dans son travail, la C.B.I
est assistée par trois comités : administratif
et financier, scientifique et technique. Le comité
scientifique mène des études sur les stocks
de baleines, la chasse, etc. en vue d'adresser des recommandations
à la Commission.
Sa principale tâche
est de réviser quand cela est nécessaire
les quotas de pêche à la baleine et d'adapter
la réglementation baleinière à proprement
parler.
Malheureusement des pays
contournent les différentes réglementations
et propositions de la CBI, comme l'ex-URSSS, qui admet
avoir dissimulé 30% de ses prises entre 1949
et 1980 ou le Japon capture des espèces protégées
sous prétexte de chasse scientifique (exemple :
le Rorqual Bleu).
8. L'Etude en Mer :
a. La Photo - Identification :
Chaque individu a une marque
distincte, cicatrice, tâche ou parasite, qui lui
est propre. Mais la dorsale, en particulier pour les dauphins,
orques et certaines baleines, constitue à elle
seule l'empreinte digitale. Les combats, jeux, entre individus
ou causés naturellement, laissent des traces sur
le corps de l'animal. Sa coloration peut être aussi
un indicateur, ou la pigmentation de la dorsale, utilisé
pour l'identification des baleines. Etant donné
que de nombreux cétacés montrent leur dorsale
pour venir respirer à la surface, il est possible
de les photographier.
La comparaison et la confrontation
des photos du jour, de la semaine, du mois ou de la saison
précédente, est appelée « matching ».
Cette tâche doit est précise et patiente
pour déceler ce qui en fera l'intérêt.
On établit un fichier
catalogue où sont répertoriés les
individus (on prend en moyenne vingt clichés par
animal). Ce fichier physique est associé à
un fichier informatique où l'on dispose d'un système
de reconnaissance des animaux. Il s'agit de déterminer
s'il s'agit d'un nouvel arrivant (capture) ou d'un individu
répertorié (recapture). Un système
informatique peut déterminer des individus possédant
des caractéristiques similaires à celles
du nouvel arrivant.
Un ordinateur s'impose pour
de gros catalogues. Il peut comparer en cinq minutes mille
quinze caudales de cachalots ou en dix minutes neuf milles
photos de Baleines à Bosse (Megaptera novaeangliae).
Les meilleures photos serviront
ensuite à réaliser le contour de l'aileron
en format A4 : on fait une photocopie sur transparent
de la photo de l'aileron puis, à l'aide d'un rétroprojecteur,
un agrandissement de la photo sur une feuille A4 placée
sur un écran clair.
Des dessins de chaque côté
de la nageoire caudale ou dorsale montrent les contours,
tâches et encoches. Toutes les marques les plus
visibles sont reproduites lorsqu'on aperçoit l'aileron
en mer. La difficulté, c'est qu'une dorsale, une
marque ou une tâche peut se modifier, disparaître
ou croître. La comparaison et la confrontation des
photos du jour, de la semaine, du mois ou de la saison
précédente, est appelée « matching ».
Cette tâche doit est précise et patiente
pour déceler ce qui en fera l'intérêt.
On établit un fichier
catalogue où sont répertoriés les
individus (on prend en moyenne vingt clichés par
animal). Ce fichier physique est associé à
un fichier informatique où l'on dispose d'un système
de reconnaissance des animaux. Il s'agit de déterminer
s'il s'agit d'un nouvel arrivant (capture) ou d'un individu
répertorié (recapture). Un système
informatique peut déterminer des individus possédant
des caractéristiques similaires à celles
du nouvel arrivant. Toutes photos et dessins sont scannés
et archivés sur CD Rom.
b. L'Acoustique :
On peut identifier un individu
aux caractéristiques de ses émissions sonores
dans un angle de 360° et de savoir la présence
ou non de cétacés. Mais les hydrophones
ne travaillent qu'avec des fréquences audibles
à l'oreille humaine et il est pas facile de déterminer
le nombre d'individus.
9. Whale-Watching :
- Développement et
Prudence :
Le whale-watching (observation
des baleines) s'est développé dans les années
cinquante en Californie. D'ailleurs, les Etats-Unis organisent
66% des rencontres dans le monde.
Depuis, les enjeux économiques
et le développement de cette nouvelle industrie
à prit une ampleur grandissante. On peut rencontrer
quatre vingt espèces de cétacés à
partir d'une embarcation touristique.
La Commission Baleinière
Internationale (CBI), reconnaît le whale-watching
en tant qu'exploitation non-léthale des cétacés.
a. Le whale-watching dans
le monde :
Cette forme de tourisme s'est
développée dans le monde entier, comptant
en tout trois cent pays environ. Le nombre d'observations
de baleines est passé de quatre millions en 1991
à cinq millions et demi en 1994. Entre l'année
1981 et 1994, le total des revenus est passé de
quatorze millions à trois cent onze millions
de dollars. On peut voir que la Norvège ou le Japon,
chasseurs baleiniers, occupent une place importante.
Sur quarante pays comprenant
la Commission Baleinière Internationale (CBI),
vingt sept pays participent au whale-watching. Le Canada,
qui occupe une place importante dans l'activité
du tourisme baleinier (462000 sorties en mer pour l'année
1994), ne fait pas partie de la Commission Baleinière.
Le whale-watching occupe
85% de rencontres de baleines et 15% de petits cétacés.
Le bateau est largement utilisé (72% de tous les
whale-watching), le reste comprend des observations à
terre (28%) ou par kayak ou engin non-motorisé,
comme par exemple à Hanson Island (Vancouver, Colombie
Britannique), « ORCALAB », dirigé
par Paul Spong et Helena Sidmonds.
b. Interrogations sur le
whale-watching :
Le whale-watching pose beaucoup
de questions sur son intérêt et ses inconvénients.
Différents exemples et hypothèses sont à
souligner.
Au Québec, en particulier
à Tadoussac, il est arrivé qu'une dizaine
de bateaux tournent autour d'un même l'animal !
Les intérêts commerciaux ont dépassé
l'impact de la nature. La Province demande désormais
un contrôle rigoureux (police maritime ou garde
de la réserve naturelle) afin de respecter les
distances de sécurités.
Des observations aériennes
peuvent être utilisées pour la localisation
et l'orientation de cétacés. L'avion ou
l'hélicoptère peut donner la distance entre
le bateau d'observation et les mammifères marins.
A partir des airs, la reconnaissance de l'espèce,
le groupe formé ou la taille (et âge approximatif)
peut se faire.
Cependant, la distance des
trois cent mètres avec la surface doit être
respectée. Le stress occasionné par l'appareil
(bruit, vent violent) est dangereux pour l'animal.
Beaucoup de photographies prises à partir des airs
sont des dérogations spéciales pour la recherche
scientifique.
De nombreuses compagnies
se bousculent le tourisme pour garder le monopôle.
Cet été aux Açores, « Espaço
Talassa » (compagnie de whale-watching sur
l'île de Pico) va rencontrer une concurrence rude
en mer. Trois compagnies vont se retrouver en mer, heureusement
avec un nombre moindre de bateau que la B.O.C.A. Déjà,
à la vigie de Saint Mateus, un concurrent s'est
installé juste à côté. Attention
à l'embouteillage autour des animaux !
Les bateaux à moteurs
sont de plus en plus rapides et puissants, pour permettre
d'aller très vite sur les lieux dans un temps chronométré.
La quantité d'essence utilisée dans une
seule journée est importante mais minime par rapport
aux yachts, plus bruyants et d'autant plus polluants.
L'utilisation de bateaux à diesel est utilisée
car économique.
Il est évident, que
les bateaux à voiles sont silencieux et permettent
une approche saine des animaux. Malheureusement, les bateaux
à voiles ne permettent pas aux mammifères
marins de les entendre et risquent de leur faire peur.
De plus la manoeuvrabilité n'est pas assurée
par rapport à un bateau à moteur. Dans le
cas d'Espaço Talassa, la rencontre des cétacés
par bateaux à moteurs est bénéfique,
car elle augmente les sorties et le nombre de clients.
La voile ne rentabiliserait pas les frais pour les trois
mois de saison pleine.
Des écologistes critiquent
l'aspect commercial du whale-watching comme une atteinte
à la vie privée des cétacés.
Utilisant les lois interdisant tout commerce sur les espèces
protégées par la C.I.T.E.S, le développement
industriel (incluant les produits dérivés)
est une atteinte aux respects des animaux. En plus, les
Canaries (Espagne) sont souvent montrés du doigt
pour son développement irrespectueux à l'encontre
des globicéphales (Globicephala macrorhynchus).
Pourquoi alors, les dauphins
ou les baleines se retrouvent néanmoins toujours
à l'endroit fréquenté par les touristes
depuis des dizaines d'années ? Sédentaires
ou de passage, on reconnaît les individus d'une
année à l'autre ?
Les baleines des Açores
pourraient très bien éviter les lieux touristiques,
mais jamais elles ne l'ont fait. Est-ce à cause
de la nourriture, de la profondeur ou la température ?
personne ne peut répondre à cette question.
On ne sait pas grand chose
de l'impact du whale-wtaching sur ces animaux ni la fréquence
sonore nuisible à leur comportement. L'utilisation
de bateau pneumatique ou de yacht sont-ils aussi nuisibles
que les bateaux croisant au large ? Connaît-on
le comportement stressant d'un animal ? Est-ce sa
caudale qui tape à la surface ou est-ce le faite
de bonds violents ? C'est un mystère.
Justement, toutes ces questions
sans réponse favorisent l'industrie du whale-whatching
et des directeurs les utilisent comme argument afin de
repousser leurs adversaires.
De nombreux groupes scientifiques
travaillant sans l'aide touristique sont confrontés
aux travaux de chercheurs embarqués sur les bateaux
de whale-watching. Les uns pensent aux côtés
néfastes de leurs études (non-respect des
animaux) et les autres utilisent l'approche touristique
comme aide financière.
Conclusion :
Dans ce rapport, nous avons
abordé les sujets principaux des mammifères
marins afin d'avoir le minimum de connaissance.
Toutes personnes qui aimeraient
des informations supplémentaires peuvent demander
conseils à son auteur ou demander des photocopies
sur des oeuvres, publications, rapports ou articles de
la bibliographie.
Maintenant, nous sommes capables
d'intervenir vers le public et les enfants afin de les
sensibiliser sur la protection des baleines.